Je refuse de gagner

L'arbitre m'a indiqué que j'ai gagné par le temps une position théoriquement perdante. Je voulais abandonner plutôt que de gagner de manière déshonorable mais l'arbitre a refusé mon abandon. Avait-il le droit de le faire?

Didier

Réponse courte, l'arbitre en avait non seulement le droit, il en avait aussi l'obligation.

Réponse longue, selon l'article 13, il est du devoir de l'arbitre de s'assurer que les Lois des échecs soient strictement respectées. L'article 6.9 stipule que À l’exception des situations décrites aux articles 5.1.a, 5.1.b, 5.2.a, 5.2.b, 5.2.c , la partie est perdue par le joueur qui n'a pas complété le nombre de coups prescrits dans le temps alloué. Cependant, la partie est nulle si la position est telle que l'adversaire ne peut pas mater par aucune suite de coups légaux.

L'arbitre à l'obligation de faire respecter cet article même si les deux joueurs s'y opposent. C'est en parti à cela que le mot courage fait référence dans la devise de ce site (Discrétion, Intégrité, Courage).

Il importe de souligner qu'il n'y a aucun déshonneur à gagner par le temps. Votre adversaire avait le choix entre tenter de gagner ou réclamer la nulle en invoquant l'article 10.2 .

Un arbitre ignore ce qu'est une position théoriquement perdante car le règlement lui impose de juger selon deux critères : les efforts déployés par votre adversaire pour gagner par des moyens normaux et la possibilité que la position puisse être gagnée par des moyens normaux.

De plus, la réclamation basée sur l'article 10.2 doit être initiée par un joueur car l'arbitre ne dispose pas du pouvoir d'arrêter la partie et d'imposer la partie nulle même si la position est impossible à gagner par des moyens normaux. Cette limitation au pouvoir de l'arbitre permet au joueur de décider lui-même entre demander la nulle ou jouer pour le gain en prenant le risque de perdre par le temps. Ce risque de perdre n'est véritablement présent qu'avec les vieux chronomètres mécaniques dont le drapeau ne permet pas de déterminer avec précision le temps qu'il reste au joueur. Le choix de réclamer ou de ne pas réclamer en invoquant l'article 10.2 appartient au joueur et uniquement au joueur et la responsabilité ultime de la perte par le temps lui incombe elle aussi.

Finalement, si vous ne vouliez pas gagner, vous auriez dû abandonner avant la chute du drapeau de votre adversaire.