Mon adversaire est parti sans abandonner

Il m'est arrivé une mésaventure dans le même genre, il y a de cela plusieurs années.

À l'époque où la cadence était de 40 coups/2h et 1h/mat, le joueurs joue son 40e coups en 1 heure de jeu et dans une position perdante, quitte sans abandonner la partie, il a fallu que j'attende 2 heures pour que ma victoire soit officielle.

Après une heure d'attente, j'ai porté plainte à l'arbitre et au directeur du tournoi, comme quoi une telle conduit anti-sportive, méritait l'intervention de l'arbitre, mais on m'a répondu qu'il n'y avait pas de règlements gérant des cas comme celui-ci.

Sylvain

C'est une très mauvaise décision de l'arbitre. Plusieurs cas similaires au Québec se sont terminés par la perte de la partie pour le joueur absent.

Quand j'étais en formation, ce cas était couvert dans le stage. Il est interdit à un joueur de quitter l'aire de jeu sans demander la permission de l'arbitre. Le joueur au trait ne peux pas quitter l'espace de jeu sans la permission de l'arbitre (FIDE). Le joueur au trait ne peut pas quitter l'échiquier sans motif valable (FQE). Après avoir vérifié le reste de l'aire de jeu afin de s'assurer que le joueur a vraiment quitté, l'arbitre déclare la partie perdue pour le joueur absent. Motif du forfait administratif: avoir quitté l'aire de jeu sans permission. Si le joueur est présent, l'arbitre s'assure qu'il demeure assis devant sa position perdante (FQE)[1] ou qu'il ne quitte pas l'espace de jeu (FIDE). L'arbitre averti le joueur que la défaite sera automatique s'il est en violation. Le vieux cahier de stage indique qu'un joueur forcé de contempler sa position perdue abandonnera plus rapidement qu'un joueur qui se promène partout. Lorsqu'un joueur refuse d'abandonner une position clairement perdante, l'arbitre applique avec grande sévérité les règles qui obligent le joueur fautif à être présent. L'arbitre ne peut pas forcer un joueur à abandonner, mais il ne doit pas se gêner pour intervenir si le joueur qui refuse d'abandonner quitte illégalement.

La fédération canadienne a adoptée cette règle 4.6 Le joueur qui ne désire pas poursuivre une partie perdue et qui quitte sans avoir l'élémentaire courtoisie d'abandonner devant l'adversaire ou d'avertir l'arbitre peut être sévèrement puni pour grave manque d'esprit sportif. Comme déclarer perdu un joueur qui est déjà perdu sur l'échiquier n'est pas une pénalité, la pénalité sévère auquel on fait référence est nécessairement une expulsion ou une recommandation pour une sanction disciplinaire.

Exemple pratique tiré d'une compétition homologuée par la Fédération canadienne. Dans la position suivante, le conducteur des noirs a quitté l'aire de jeu sans abandonner ni avertir l'arbitre. Les noirs disposaient d'un crédit-temps de plus d'une heure. Le conducteur des noirs a été déclaré forfait administratif et il a été expulsé du tournoi.

Attendre longtemps avant de jouer le seul coup légal est clairement manque de respect de l'adversaire qui est contraire à la charte du joueur d'échecs crée par la FFE et adoptée par la suite par la FCE. Sanctionner pour manque de respect de l'adversaire est possible, mais cela n'a jamais été testé en appel contrairement au forfait administratif pour avoir quitté l'aire de jeu. Ce comportement terni aussi l'image du sport (Article 12.1). L'arbitre dispose donc de deux autres outils pour intervenir dans les cas extrêmes comme celui du diagramme précédent.

Il importe de souligner que le simple fait de continuer à jouer dans une position perdue n'est pas une infraction. Par exemple, dans le diagramme suivant, il est tout a fait légal de jouer 1... Rh8, 2 Dg8+, Txg8 3 Cf7# .

Seule la bêtise extrême est sanctionnée. Tous les cas de sanctions portés à ma connaissance concernaient un mat forcé en un coup. On peut jouer avec une dame en moins et s'en tirer suite à une erreur de l'adversaire. Ce n'est jamais gagné avant la fin. On ne peut donc pas en tant qu'arbitre interdire la continuation d'une partie par ce qu'un des deux joueurs possède une supériorité décisive. Le concept de supériorité décisive n'apparait pas dans les règlements de la FIDE. Il suffit parfois d'un seul mauvais coup pour qu'une supériorité décisive se transforme en défaite cuisante. Continuer à jouer normalement malgré la supériorité théoriquement décisive de l'adversaire est tout à fait légal. Cela n'est pas un manque de respect envers l'adversaire et cela ne terni pas l'image du sport. On ne peut pas punir pour avoir poursuivi une partie théoriquement perdue, on punit la niaiserie, le comportement qui est indigne d'un joueur d'échecs qui consiste à faire attendre indument l'adversaire alors qu'un coup est forcé.









[1] La FQE est plus sévère que la FIDE et exige pour les parties homologuées uniquement par la FQE que le joueur ayant le trait demeure devant l'échiquier sauf s'il a un motif valable pour s'absenter. La FQE est consciente que cela n'est pas conforme aux règles de la FIDE, mais cette règles plus sévère a été adoptée en raison de cas similaires au votre et par ce qu'un arbitre québécois surveille normalement plus d'échiquiers que l'arbitre d'une compétition de haut niveau de la FIDE.